8 mars : journée internationale des droits des femmes
Publié le |
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes le vendredi 8 mars 2024, la ministre déléguée auprès du Premier ministre, Aurore Bergé, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, a amorcé une semaine dédiée à la promotion des droits des femmes et de l’égalité en France.
Ponctuée par une thématique par jour, cette semaine est l’occasion de mettre lumière la mobilisation engagée en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la société française, au regard de chiffres clés et des dispositifs gouvernementaux mis en place notamment dans le cadre du plan Toutes et tous égaux lancé le 8 mars 2023.
Accès aux soins et à la santé : prendre en compte les spécificités du genre féminin
Les spécificités liées au genre en matière de santé sont d’importants vecteurs d’inégalité. Longtemps restées taboues ou ignorées, elles entravent l’accès des femmes aux soins dont elles ont besoin. À l’heure où il est question d’inscrire l’IVG dans la Constitution, le combat pour une meilleure prise en compte de ces spécificités n’est pas fini. Cette lutte est primordiale pour renforcer l’accès des femmes à la santé et améliorer leur quotidien.
Accompagner les femmes après une interruption spontanée de grossesse
Le chiffre est important : 15 % des grossesses donnent lieu à une fausse couche, et 1 femme sur 10 sera confrontée à ce douloureux événement au cours de sa vie. Cette épreuve traumatique que traversent beaucoup de femmes et leurs partenaires peut entraîner des répercussions importantes sur leur vie personnelle et professionnelle.
La suppression du délai de carence en cas d’arrêt maladie consécutif à une fausse couche a été instauré en juillet 2023 et est effectif depuis janvier 2024. Il permet aux femmes d’être indemnisées dès le premier jour d’arrêt de travail.
Lutter contre la précarité menstruelle
La précarité menstruelle concerne 1 femme sur 3, ce qui représente plus de 4 millions de femmes en France. Elle touche plus fortement les jeunes (étudiantes, lycéennes, collégiennes), les femmes en situation de précarité et les femmes incarcérées, les obligeant à utiliser des protections de fortune (papier toilette, mouchoirs, etc.).
Pour lutter contre ce fléau, plus de 11 millions de protections périodiques ont été distribuées gratuitement aux femmes en situation de précarité en 2023 dans les épiceries sociales et solidaires, les épiceries étudiantes, les centres d'hébergement. Plus de 4,7 millions d’euros ont été consacrés à cette action en 2024.
Pour les étudiantes, un financement du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a permis de distribuer 12 millions de protections et d’installer 1 036 distributeurs gratuits dont 319 dans les structures de restauration (CROUS) et 717 dans les résidences étudiantes.
Une action de sensibilisation et de distribution à destination de collégiens et des lycéens a été lancé depuis 2020 dans six territoires expérimentaux avec un budget de 300 000 euros. Les actions de sensibilisation abordent plus spécifiquement la santé menstruelle et la santé sexuelle (traitant notamment des sujets égalité filles/garçons, contraception, pathologies associées aux règles ou encore consentement). Plus de 30 000 élèves ont été sensibilisés au sein de 71 lycées et 267 collèges dans les 5 territoires concernés et 190 distributeurs de produits hygiéniques ont été installés depuis le début de l’expérimentation.
Les protections périodiques réutilisables seront remboursées par la sécurité sociale pour les jeunes jusqu’à 25 ans et pour tous les bénéficiaires de la protection complémentaire santé solidaire (C2S) quel que soit l’âge. Une liste des produits de protection réutilisable sera publiée prochainement : les produits devront respecter des normes de qualité visant à assurer leur non-toxicité sanitaire et environnementale.
Faciliter la contraception féminine
Les préservatifs féminins sont aujourd’hui jusqu’à 15 fois plus chers que les préservatifs masculins, ce qui renforce les inégalités d’accès à la santé. Pour rééquilibrer cette injustice, l’accès à certains préservatifs féminins est maintenant gratuit et sans ordonnance pour les jeunes jusqu’à 25 ans en pharmacie. Et depuis le 1er janvier 2023, la contraception d’urgence est gratuite et accessible sans ordonnance en pharmacie pour les mineures, comme pour les majeures.
Éduquer à la vie affective et sexuelle
En 2022, 175 000 jeunes, élèves ou étudiants, ont été informés et sensibilisés à la vie affective et sexuelle lors des interventions animées en milieu scolaire et universitaire par les EVARS.
Les 150 EVARS, répartis sur l’ensemble du territoire, sont des lieux d'information, d'écoute, de sensibilisation et de prévention en matière de vie affective, relationnelle et sexuelle. En 2022, 160 000 personnes, en majorité des jeunes, ont été reçues pour des informations sur leurs droits ou pour un accompagnement (contraception, IVG, prévention des IST, désir ou non-désir d’enfant, emprise mentale, etc.).
Lutte contre les violences faites aux femmes : libération de la parole et amélioration de la prise en charge
Protéger et accompagner les victimes de violences conjugales
En moyenne, les victimes de violences au sein du couple feraient encore 7 allers-retours avant de quitter définitivement leur conjoint violent. La crainte de ne pas disposer de ressources suffisantes, les multiples démarches à entreprendre pour bénéficier d’aides auprès de divers acteurs, les délais d’attente conjugués aux impacts des violences constituent de réels freins à une séparation pérenne avec l’auteur de violences conjugales.
Le dispositif Pack nouveau départ a pour objectif de lever ces obstacles, par l’organisation d’une prise en charge rapide et coordonnée des victimes, avec un accompagnement personnalisé à même de répondre à l’ensemble de leurs besoins (ouverture accélérée de droits sociaux, hébergement, logement, soutien psychologique, réinsertion sociale et professionnelle…). Il repose sur un réseau de référents au sein de structures partenaires institutionnelles et associatives, qui assurent un accompagnement dans des délais optimisés, permettant ainsi à la victime et à ses enfants de retrouver plus rapidement autonomie et sécurité.
Le Pack nouveau départ est expérimenté depuis septembre 2023 dans le Val d’Oise et le sera en 2024 dans quatre autres départements, avant une généralisation progressive à partir de 2025.
En fonction des situations et des besoins, le dispositif peut être complété par une aide financière d’urgence. Créée en 2023, elle permet de soutenir financièrement les victimes de violences conjugales afin qu’elles puissent se mettre à l’abri et faire face à leurs dépenses immédiates. Elle est versée en une seule fois dans un délai de trois à cinq jours. Depuis son entrée en vigueur en décembre dernier, plus de 12 000 personnes ont bénéficié de cette aide d’urgence.
Encourager la libération de la parole des victimes
Ces dernières années ont été marquées par la libération de la parole des victimes de violences sexuelles ou sexistes, qu’elles aient été commises dans le milieu professionnel ou dans leur vie personnelle.
Pour encourager les victimes à briser le silence, les professionnels qui recueillent leur parole et les prennent en charge doivent être formés. À cet effet, des kits de formation à destination de tous les professionnels susceptibles d’être en contact avec les victimes de violences – personnels soignants, professionnels du social, managers, enseignants, gendarmes, magistrats, etc. – sont disponibles sur le site arretonslesviolences.gouv.fr. Aujourd’hui, tous les élèves policiers reçoivent une formation sur ce sujet.
Sport et mixité : des stéréotypes de genre encore ancrés
Le sport, comme bien d’autres domaines, peut constituer un foyer de discriminations. Plusieurs raisons peuvent expliquer ces inégalités : problèmes familiaux, regards sexistes, surreprésentation des hommes, frais d’inscription élevés ou complexes physiques. Lutter pour un accès égalitaire au sport, c’est redonner à cette discipline sa faculté d’inclusion et d’égalité universelle. Pour être entière, la féminisation des effectifs dans le sport doit concerner les pratiquantes, les professionnelles et les dirigeantes.
La pratique du sport souffre également des stéréotypes de genre. Effectivement, si le taux de pratique d’une activité physique ou sportive est comparable chez les femmes comme chez les hommes, les disciplines sportives restent très genrées :
- parmi les joueurs de football, 19 % sont des femmes ;
- parmi les personnes qui pratiquent le VTT, seules 29 % sont des femmes ;
- 81 % des personnes qui pratiquent le yoga sont des femmes.
Par ailleurs, le sport féminin demeure minoritaire par rapport au sport masculin dans les retransmissions sportives à la télévision.
En partenariat avec le ministère des Sports, le ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes a créé en 2023 le label d’État « Terrain d’Égalité ». À destination des organisateurs de grands événements sportifs internationaux, ce label vise à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes dans le milieu du sport mais également à lutter contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles dans l’évènementiel sportif. Il encourage le monde sportif à engager des mesures concrètes pour atteindre et pérenniser la parité, sur le terrain comme dans les instances dirigeantes des organisations sportives. Par cette démarche volontaire de labellisation, les organisateurs participent à une dynamique vertueuse de changement et d’exemplarité, mais aussi de responsabilité sociétale vis-à-vis de tous les acteurs et publics qui participent à leurs événements.
En savoir plus sur le label « Terrain d’égalité »
Égalité et mixité professionnelles : des avancées à poursuivre
Il existe encore trop de filières frappées d’inégalités de genre. Les femmes représentent 91 % des aides-soignants mais seulement 18 % des ingénieurs en informatique. Elles représentent 30 % des effectifs des écoles d’ingénieurs, 18 % des ingénieurs de l’informatique et 27 % des ingénieurs et cadres techniques de l’industrie.
Chaque femme doit pouvoir se projeter dans un métier sans considération de son genre. Entrer dans la police, faire de la recherche en laboratoire, concevoir des avions ou réparer des voitures, le champ des possibles doit lui être garanti.
Inciter à la mixité dans les études et dans les entreprises
Pour favoriser la place des femmes dans les filières d’avenir, les jurys de sélection pour l’accès à l’ensemble des formations du supérieur devront comprendre au moins 30 % de femmes.
Garantir l’égalité dans les rémunérations et les nominations
L’Index égalité professionnelle (Egapro) a été instauré depuis 2018 pour faire progresser l'égalité salariale au sein des entreprises. Il permet de mesurer, en toute transparence, les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes et de mettre en évidence leurs points de progression. Cet index est obligatoire pour toutes les entreprises d’au moins 50 salariés et doit être transmis au plus tard le 1er mars de chaque année. La note moyenne des entreprises progresse de façon constante depuis la création de cet Index.
Dans la Fonction publique, depuis 2023, un index de l’égalité professionnelle est mis en place pour les agents de la fonction publique de l’État et le quota obligatoire de primo-nominations féminines aux emplois supérieurs et de direction a été porté à 50 %.
Par ailleurs, les entreprises de plus de 1 000 salariés devront avoir au moins 30 % de femmes parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes en 2027 et au moins 40 % en 2030 (loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l'égalité économique et professionnelle).
Encourager l’exemplarité
Depuis la loi Copé-Zimmerman en 2011, les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 se sont féminisés, passant d’à peine 10 % de femmes en 2009 à 64,4 % aujourd’hui.
Le label Égalité professionnelle, décerné par l'État, valorise l’exemplarité des pratiques en matière d’égalité entre les femmes et les hommes : 59 entreprises privées et 52 institutions publiques ont obtenu ce label, au 1er septembre 2023. Les conditions du label sont révisées depuis 2023 pour mieux tenir compte des violences faites aux femmes, de l’évolution des modes de travail, de l’Index égalité et de l’usage de l’intelligence artificielle dans les ressources humaines.
Promouvoir l'insertion professionnelle des femmes
L’insertion professionnelle et l’autonomie économique des femmes constituent des enjeux sociétaux, sociaux et économiques essentiels. 83 services emploi au sein des centres d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) proposent un accompagnement individuel ou collectif destiné aux femmes qui sont les plus éloignées de l’emploi (qu’elles soient victimes de violences, primo-arrivantes ou à la tête d’un foyer monoparental). Ils apportent une réelle plus-value par leur complémentarité avec le service public d’insertion et d’emploi de droit commun, notamment pour lever les freins périphériques à l’emploi.
Favoriser l’entrepreneuriat des femmes
Les femmes représentent 39 % des créateurs d’entreprise en France. Soutenir les femmes qui entreprennent est l’une des priorités du Plan Toutes et tous égaux 2023-2027. Ainsi, le concours 101 femmes entrepreneures a été lancé en décembre 2023 à l’initiative du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, avec l’appui de Bpifrance. L’objectif est de valoriser 101 femmes entrepreneures sur tout le territoire français, d’accompagner l’innovation et l’émancipation et de susciter des vocations entrepreneuriales.
Les lauréates seront invitées vendredi 8 mars à Matignon pour la remise des prix en présence du Premier ministre et de la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations.